22 décembre 2009

Les bourreaux de Verdun au XVIIème siècle (1)

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Antique citée fortifiée sur les bords de la Meuse, devenue française en 1552, Verdun a toujours été pourvue d’un bourreau. Les premiers titulaires de cet office ne sont connus que par leurs prénoms : Jehan (1494), Guillaume (1504), puis un nommé Brounet (1517), Jean Gaultier dit maître Jehan ou maître Gaultier (1532-1538), Jean (1553-1558), et encore un Jean Gaultier (1575).
En mai 1594, Fiacre Georges, l’exécuteur de la haute justice, touche 6 francs 6 gros pour ses gages de quatre mois (1). Il décède un an plus tard. Contrairement à beaucoup d’autres villes de France, Verdun n’a jamais eu à chercher très loin ses exécuteurs. En général elle les trouve dans les villages du voisinage ou, à défaut, dans les plus proches prévôtés de Lorraine. Le 3 janvier 1596, se présente Domange Martin, natif de Longwy, qui est reçu aux gages de 36 francs par an « attendu qu’il est fils de maître dudit état et qu’il l’a ja exercé l’espace de 3 ans » (2). La carrière de ce dernier s’achève brusquement en 1599 : « pour avoir tiré des coups d’arquebuse sur lescale du soir, la garde étant assise » il est condamné à mort et exécuté (3). Sa veuve n’entend pas se laisser déposséder de l’office. Elle annonce qu’elle continuera à l’exercer par l’intermédiaire d’un autre bourreau qu’elle compte épouser très prochainement. Les échevins de Verdun accèdent à sa requête et, « en considération de la mort dudit Demange précipitament advenue », acceptent de lui payer ses gages jusqu’à son nouveau mariage (4). De fait, Jean Rouxel est reçu nouvel exécuteur de Verdun, le 26 août 1599, en remplacement de Martin. Il assumera les fonctions pendant plusieurs années jusqu’à ce que le fils de son prédécesseur soit en état de les pratiquer à son tour.

Dans les années 1620, Didier Martin est confirmé comme exécuteur de la haute justice. Vers cette époque, il loge dans une maison avec dépendances appartenant à la ville, située près de la tour du champ. Le 9 janvier 1627, il demande à quitter ses fonctions « pour quelques considérations par lui alléguées ». Mais les édiles refusent de lui accorder son congé « sinon en fournissant par lui un maître, homme capable à la dite charge, à sa place » (5). Vraisemblablement malade, il obtient que Jean Miraucourt, d’Ancemont, le remplace. Le 19 janvier 1630, ce dernier est agréé comme exécuteur de la haute-justice (6). Le 9 février suivant, Didier Martin étant décédé, Miraucourt restitue le poste à Jean Martin, fils du défunt. En fait, comme le jeune Martin n’a pas encore l’âge ou les capacités de remplir cet emploi, c’est toujours Jean Miraucourt qui continue à officier à Verdun. A cette date, le maître des hautes œuvres demeure rue de Tilly, dans la paroisse Saint Victor.

Bien que titulaire de l‘office de Verdun, Jean Martin a jeté ses vues sur celui de Metz, plus important et plus lucratif. Au mois d’octobre 1632, sans doute en raison de son absence, les échevins de Verdun lui interdissent formellement de lever les droits attachés à ses fonctions « à peine de punition exemplaire ». Dans le même temps, ils le confirment comme exécuteur en titre « à charge de fournir à ses frais, à l’occasion, homme capable à cet exercice, et ce jusqu’au bon plaisir de Mes[sieurs] » (7).

Le 4 avril 1633, Jean Martin se marie à Metz, en la paroisse Saint-Victor, avec Barbe Le Suisse, fille de Louis, maître des hautes œuvres de cette ville. Au moins trois enfants naîtront de cette union : Louis et Hubert, baptisés à Verdun en 1634 et 1636, et Nicolas, qui se mariera à Châlons-en-Champagne, en 1669, avec Françoise Saffret, fille de Louis qui fut exécuteur de Châlons puis de Vitry-le-François.

Au décès de son beau-père, Jean Martin lui succède comme bourreau de Metz, le 1er avril 1636. Seize ans plus tard, accusé de « vie scandaleuse » il est banni de la cité à la suite d’une information menée à son encontre, le 21 janvier 1653, par le lieutenant criminel du bailliage de Metz (8). Deux ans après c’est au tour de Barbe Le Suisse, sa femme, d’être emprisonnée sous l’accusation de « crime d’adultère ». Elle a effectivement été reconnue « atteinte et convaincue d'avoir depuis plusieurs années mené vie scandaleuse et desbordée, mesme d'avoir eu un enfant […] en l'absence et pendant le bannissement de son marit hors de ladicte Ville de Metz ». Condamnée à « estre battue et fustigée de verges par les carrefours de ladicte ville, bannie à perpétuité dudict Metz », cette sentence est confirmée en appel le 21 mai 1655 et mise à exécution dès le lendemain (9).

Jourdan
(à suivre)

(1) Bibliothèque Nationale, N.A.F. 11330, f°70 r°.
(2) Idem, f°75 v°.
(3) Idem, f°87 v°.
(4) Idem, f°88 v°.
(5) Idem, f°130 bis.
(6) Idem, f°148 v°.
(7) Idem, f°162 r°.
(8) André Brulé, Les males heures des maîtres exécuteurs de la haute justice messine (1160-1641), Les cahiers Lorrains, mars 2005 n°1, p.43.
(9) Ibidem.



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