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En complément à notre article précédent, l’écrivain lorrain Alain Fisnot a eu l’amabilité de nous communiquer un document intéressant, dont nous ignorions l’existence, qui pourrait avoir un rapport avec la mort brutale de Claude Miraucourt, le bourreau de Verdun.Il s’agit d’un acte passé le 6 novembre 1707, par devant Mangin, notaire à Verdun (1). Soit seulement quatre mois avant le décès par empoisonnement de l’exécuteur et de sa femme. A cette date, Claude Miraucourt, exécuteur des sentences criminelles du bailliage de Verdun, et Françoise du Carle, son épouse, passent un traité avec Pierre Etienne, leur gendre, bourgeois de Verdun, et Louise Miraucourt, sa femme. En préambule, le notaire note : « C’est assavoir que lesdits Miraucourt et sa femme se trouvant incommodés journellement et hors d’estat de pouvoir travailler comme cy devant, pour cette cause ils se sont déportés de la place d’exécuteur des sentences criminelles de cette ville et banlieue et de mesme que ledit Claude Miraucourt en jouit présentement. Et ce pour et au profit dudit Pierre Etienne et sa femme pour en faire l’exercice au lieu et place dudit Claude Miraucourt pendant sa vie et celle de ladite Françoise du Carle. » Moyennant quoi tous les profits de cette charge entreront en communauté et seront employés « à la nourriture, entretien et nécessité » de chacun des deux ménages, lesquels résideront ensemble au domicile de Claude Miraucourt. Les revenus de l’exécuteur provenant, d’une part, du « blanchissage, vuidange et nectoyage des hauts et bas greniers et tout ce qui en despend » et, d’autre part, de trois-cents livres de gages annuels. Si, au terme de chaque année, il subsiste un reliquat des dépenses courantes, il sera partagé à égalité entre les deux familles. Il est stipulé que Pierre Etienne et sa femme ne pourront vendre ni « autrement disposer de ladite place » qu’après le décès de Claude Miraucourt et sa femme. Par ailleurs, si ce dernier venait à décéder pendant le cours de ce traité, il laissera un acte de démission en faveur dudit Etienne et non d’un autre. Lequel office appartiendra en totalité à Pierre Etienne aussitôt le décès de Françoise du Carle. Enfin, le document prévoit que les deux enfants mineurs de défunt Claude Miraucourt (2), ancien bourreau de Toul, seront également nourris, élevés et entretenus sur le budget commun, auquel ils contribueront par une pension annuelle.
Nous avons vu que les époux Miraucourt furent retrouvés empoisonnés le 28 février 1708. Le document qui précède confirme, à l’évidence, que le principal bénéficiaire de leur disparition était Pierre Etienne, leur gendre. Quant à conclure qu’il est l’auteur de l’assassinat de ses beaux-parents, nous n’en avons aucune preuve. Pas plus que la justice de cette époque qui, semble-t-il, n’entama aucunes poursuites contre lui.
Pierre Etienne devint donc bourreau de Verdun. Curieusement, cinq mois après le décès de ses parents, Louise Miraucourt - sa femme – s’éteignit à son tour le 28 juillet 1708. Seulement trois mois plus tard, Etienne se remaria à Metz, le 30 octobre 1708, avec Marie-Elisabeth Roch, fille d’Henry Roch, bourreau de Metz. Après le décès de cette dernière, il convola en troisième noces, en 1731, avec Marguerite Desmoret, fille de Nicolas, bourreau de Châlons. Puis, en 1746, quatre mois après la mort de celle-ci, il se rendit à Rouen pour y épouser Marie-Gabrielle Le Vavasseur, fille de Martin, bourreau de cette ville. Enfin, le 1er juillet 1749, à Verdun, il se maria une cinquième fois. Sa nouvelle épouse se nommait Marguerite Wolff. Elle était fille d’un bourreau allemand et veuve de Jean-Pierre Dalembourg, bourreau de Thionville. L’exécuteur de Verdun mourut dans ses fonctions le 21 juin 1750, âgé de 64 ans. Au moins quinze enfants naquirent de ses cinq mariages.
Bourreau des coeurs, bourreau tout court, Pierre Etienne n’a-t-il utilisé ses talents que dans le cadre de sa profession ? Un jour, peut-être, les archives nous livreront de nouvelles révélations à son sujet.
(1) Archives départementales de la Meuse, 12E165.
(2) Ce Claude Miraucourt, fils de Claude Miraucourt et de Françoise du Carle, fut bourreau de Toul de 1692 à 1706. Il mourut en 1706 laissant une fille, Nicole (née en 1692) et un fils, Pierre (né en 1700).
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