13 mai 2009

Anatole Deibler, exécuteur adjoint en Algérie


On ne présente plus Anatole Deibler sur lequel il semble que tout a été dit. En effet, le personnage a été l'objet de nombreux articles, de plusieurs chapitres d'ouvrages et d'au moins trois biographies. Pourtant, toute cette littérature a un point commun : elle évoque trop brièvement les cinq ans qu'il a passés en Algérie. Période capitale puisqu'elle fut consacrée à l'apprentissage de son métier.
Né à Rennes le 29 novembre 1863, Anatole Deibler est fils et petit-fils d’exécuteurs. Son père, Louis, sera exécuteur en chef à Paris et son grand-père maternel, Antoine Rasseneux, bourreau d’Alger. Très jeune, il aurait tenté d’échapper à la carrière familiale, toute tracée. Mais son père l’initie, dès l’âge de 19 ans, au terrible métier. Il assiste à quelques exécutions, sans y participer activement. De vingt à vingt-et-un ans, il aurait – mais cela reste à prouver - effectué son service militaire. A son retour à la vie civile, sans doute se laisse-t-il convaincre de postuler à un emploi d’aide exécuteur. Il est très vraisemblable que son arrivée dans le métier est facilitée par son grand-père, Antoine Rasseneux, qui fort opportunément démissionne en août 1884.
En février 1885, Anatole Deibler écrit au Ministère de la Justice pour réclamer, précisément, un poste d’exécuteur-adjoint en Algérie. Le 24, cette demande est transmise à la Préfecture de police, priée de se renseigner à son sujet : « Le sieur Deibler, 21 ans, fils de l’exécuteur en chef des arrêts criminels, sollicite une place d’exécuteur-adjoint en Algérie. Avant de statuer, M. le garde des sceaux désirerait être renseigné sur la conduite et la moralité du candidat ainsi que sur son aptitude physique à remplir cet office. » Enquête de pure forme puisque son arrêté de nomination sera signé bien avant que ne parvienne la réponse de la préfecture. Néanmoins, le 4 mars 1885, le contrôleur général Gautier de Noyelle produit un rapport assez détaillé sur le jeune Deibler (inédit à ce jour). En voici les principaux passages : « Le sieur Deibler Anatole sollicite une place d’exécuteur adjoint des hautes œuvres en Algérie. Célibataire, il demeure depuis 1874 rue Vicq d’Azir n°3 chez ses père et mère qui occupent, à cette adresse, un appartement d’un loyer annuel de 900 frs. Précédemment il a été domicilié dans les mêmes conditions rue du faubourg du Temple n°80, et antérieurement, dans son pays natal. A suivi, jusqu’à l’âge de 16 ans, les cours de l’institution Saint-Nicolas, 92 rue de Vaugirard. Il a été ensuite pendant quelque temps commis de magasin, et n’a pu conserver cette occupation par suite de la situation de son père. Après son tirage au sort, le sieur Deibler a été maintenu dans ses foyers à titre exceptionnel par décision ministérielle du 16 août 1884. Doué d’un visage mâle et d’une constitution robuste, le pétitionnaire semble pourvu des aptitudes physiques nécessaires à l’emploi qu’il sollicite. Il s’occupe, du reste avec son père, de l’entretien des bois de justice, et a assisté avec ce dernier à l’exécution de Campi (1). »
Le 1er mars 1885, le ministère de la justice promeut Gustave Rasseneux exécuteur en chef en Algérie, en même temps qu’il nomme Anatole Deibler au poste d’adjoint. Il n'a donc pas été l'auxiliaire, comme on l'a écrit partout, de son grand-père mais de son oncle, Gustave.

(1) Michel Campi a été guillotiné à Paris le 30 avril 1884

(à suivre)

Jourdan

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