Nous ne quittons pas Versailles sans publier un document particulièrement critique sur Germain Benoit, éphémère exécuteur de 1819 à 1821. Il fut destitué et remplacé par Laurent Reine.
"Police de Versailles
Rapport particulier du 2 [novem]bre 1821
Monsieur le Maire, J'ai l'honneur de vous prévenir qu'après en avoir communiqué avec M. le Procureur du Roi, j'ai fait citer au Tribunal de police le n[omm]é Benoit, exécuteur des jugements criminels, pour avoir laissé pendant qu'il était à se gorger lui et ses acolytes dans un cabaret voisin, l'échafaud et tous ses accessoires sur la voye (sic) publique deux heures après l'exécution, et d'avoir négligé de faire disparaître le sang répandu sur le pavé (1).
Cet exécuteur tient la plus infâme conduite, ivrogne fieffé, audacieux, criblé de dettes, j'ai été souvent dans le cas de le tancer vigoureusement, mais toujours sans succès; c'est un homme vautré dans la fange, qui se targue et tire vanité de la condition dans laquelle il se trouve placé; dans toutes les exécutions, il affecte une gaieté qui soulève l'indignation du public. Mardi dernier, pour conduire le cadavre du patient au cimetière, lui et ses valets se sont assis en ricanant sur le coffre placé sur la voiture où ce cadavre était renfermé ainsi que des cannibales autour de leurs victimes. La cupidité de cet exécuteur lui fait commettre des actes inouïs, il s'est persuadé que toutes les hardes d'un malheureux patient lui appartenaient; ainsi, lorsqu'il est appellé (sic) à la prison pour s'en saisir, il a soin de visiter tous ses vêtements, notamment la chemise, car si elle lui paraît de quelque valeur et pour n'être point obligé de la fendre par derrière, il la lui ôte impitoyablement de dessus le corps, sans même avoir égard à la saison, en fait une ceinture au patient, afin de l'emporter après l'exécution avec plus de facilité.
Avant de terminer ce rapport, je dois vous citer un trait, qui sans doute excitera toute votre indignation, qu'on ne saurait même croire s'il n'avait été public. J'ai dit que cet exécuteur faisait parade de ses fonctions et qu'il affectait la plus froide insensibilité; pour en donner la preuve, comme c'est un jour de bombance chaque exécution pour lui et ses valets, il imagina de faire cuire au four une tête de veau pour s'en régaler et cette tête fut apportée publiquement au cabaret du Sr Theon, place de la Mairie. (2)
Cet exécuteur tient la plus infâme conduite, ivrogne fieffé, audacieux, criblé de dettes, j'ai été souvent dans le cas de le tancer vigoureusement, mais toujours sans succès; c'est un homme vautré dans la fange, qui se targue et tire vanité de la condition dans laquelle il se trouve placé; dans toutes les exécutions, il affecte une gaieté qui soulève l'indignation du public. Mardi dernier, pour conduire le cadavre du patient au cimetière, lui et ses valets se sont assis en ricanant sur le coffre placé sur la voiture où ce cadavre était renfermé ainsi que des cannibales autour de leurs victimes. La cupidité de cet exécuteur lui fait commettre des actes inouïs, il s'est persuadé que toutes les hardes d'un malheureux patient lui appartenaient; ainsi, lorsqu'il est appellé (sic) à la prison pour s'en saisir, il a soin de visiter tous ses vêtements, notamment la chemise, car si elle lui paraît de quelque valeur et pour n'être point obligé de la fendre par derrière, il la lui ôte impitoyablement de dessus le corps, sans même avoir égard à la saison, en fait une ceinture au patient, afin de l'emporter après l'exécution avec plus de facilité.
Avant de terminer ce rapport, je dois vous citer un trait, qui sans doute excitera toute votre indignation, qu'on ne saurait même croire s'il n'avait été public. J'ai dit que cet exécuteur faisait parade de ses fonctions et qu'il affectait la plus froide insensibilité; pour en donner la preuve, comme c'est un jour de bombance chaque exécution pour lui et ses valets, il imagina de faire cuire au four une tête de veau pour s'en régaler et cette tête fut apportée publiquement au cabaret du Sr Theon, place de la Mairie. (2)
Le Com[missaire] de police,
Ville"
Ville"
(1) A propos de l'exécution de Jean-Guillaume Fouin, garde-champêtre, guillotiné à Versailles le 30 octobre 1821, à midi.
(2) Albert Terrade, Les bois de justice à Versailles, Versailles Illustré n°92, novembre 1903, pp. 94-95.
x
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire