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Le samedi 19 septembre 1523, place Maubert, à Paris, on avait dressé une potence pour exécuter un jeune Angevin de vingt-et-un ans, condamné dans une affaire d’assassinat dont il n’avait été que le complice involontaire. Vers trois heures de l’après midi, il quitta les prisons du Palais assis dans un tombereau en compagnie du bourreau de Paris (1) et de son valet. Arrivé au lieu du supplice, il monta sur l’échelle avec l’exécuteur, tandis que son confesseur et l’assistance entonnaient le traditionnel Salve Regina (2). Les chroniques de l’époque, notamment celle du bourgeois de Paris (3), rapportent comment le condamné survécut, de façon presque miraculeuse :
Le samedi 19 septembre 1523, place Maubert, à Paris, on avait dressé une potence pour exécuter un jeune Angevin de vingt-et-un ans, condamné dans une affaire d’assassinat dont il n’avait été que le complice involontaire. Vers trois heures de l’après midi, il quitta les prisons du Palais assis dans un tombereau en compagnie du bourreau de Paris (1) et de son valet. Arrivé au lieu du supplice, il monta sur l’échelle avec l’exécuteur, tandis que son confesseur et l’assistance entonnaient le traditionnel Salve Regina (2). Les chroniques de l’époque, notamment celle du bourgeois de Paris (3), rapportent comment le condamné survécut, de façon presque miraculeuse :
« C’est assçavoir qu’il fut pendu et estranglé, et que le bourreau le laissa pendu bien l’espace de demie heure. Le vallet du dict bourreau le descendit de la dicte potence par une corde, et le mist en la charrete pour le mener au gibbet ; Le pendu estant en la charrete, leva une jambe hault et commença à respirer, dont incontinent le vallet luy donna un coup de pied à l'estomac pour achever de le faire mourir, et incontinent print un cousteau et luy voulut coupper la gorge. Lors d'adventure il y eust une pauvre femme qui estoit là, qui print ledict valet et cria en luy disant : "Ha, traistre, le tueras-tu! Vois-tu pas que c'est un miracle ?" Lors le pauvre pendu fut secouru de plusieurs personnes et fut porté dedans l'église des Carmes à Paris, devant la glorieuse Dame, puis il fut mis en une chambre sur un lit devant le feu, puis fut seigné et donné un breuvage, fut oingt et frotté la gorge et le col d'huilles, et fut un temps sans parler et voir, comme environ au lendemain, mais à la fin il bust et mangea peu après ; et fut environ deux jours qu'il n'avoit mémoire ne cognoissance de rien, ne qu'il eust été pendu ; finablement il lui souvint de tout et rentra en bonne prospérité, moiennant l'aide de la Vierge Marie, à laquelle il s'estoit tousjours recommandé".
Une semaine plus tard, le 26 septembre, François 1er, favorablement impressionné par cette manifestation des volontés de "la glorieuse Dame, mère de Dieu", lui accorda sa grâce.
(1) vraisemblablement « maître Rotillon ».
(2) Avant chaque exécution d'un condamné, le prêtre qui l’assistait et une grande partie des spectateurs chantaient à haute voix cette antienne à la Vierge que tout le monde connaissait alors par cœur.
(3) Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François 1er, 1515-1536, Paris, Société de l'histoire de France, 1854, pp. 372-373, ainsi que le Livre de raison de Maître Nicolas Versoris, avocat au parlement de Paris, 1519-1530, Paris, Société de l'histoire de Paris, 1885, p. 116, et la Chronique parisienne de Pierre Driart, chambrier de Saint-Victor (1522-1535), Mémoires de la société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France, vol. 22, 1895, p. 135.
Absolument extraordinaire car, à moins d'un miracle effectivement, je ne vois pas comment on peut rester vivant sans respirer pendant une demi-heure.
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