"RAPPORT SUR LA MACHINE A DÉCAPITER
Paris 5 juin 1792, l'an IV de la Liberté
M. le procureur général syndic du département m'ayant chargé, par sa lettre du 26 mai dernier, d'examiner la machine destinée à la décapitation , et de lui en faire un rapport séparé, je me suis transporté, avec M. Jouquet, dans le magasin où elle est renfermée, Nous en avons relevé exactement tous les détails , ainsi qu'ils sont mentionnés dans le mémoire ci joint, et nous avons porté prix à chaque pièce.
Il résulte de notre examen et de notre appréciation deux choses principales : la première, que cette machine, quoique bien conçue en elle-même, n'est pas portée au degré de perfection dont elle est susceptible, et qui, pour la tranquillité publique , devrait y être ajoutée.
La seconde, que, dans les prix accordés, l'auteur trouve un bénéfice suffisant pour le dédommager du mérite de l'invention , dans le cas où il serait chargé de la construction de toutes les machines qui sont nécessaires aux différens départemens ; mais s'il n'en était pas chargé , nous croyons qu'il serait juste de lui accorder une gratification.
Cette machine a été faite avec tant de précipitation, qu'on n'a pas pu , sans doute , lui donner toute la sûreté et commodité nécessaires dans ses mouvemens. Les coulisses , les languettes et les tourillons sont en bois; les premières devraient être en cuivre, les secondes en fer; les crochets, auxquels sont attachées les cordes qui suspendent le mouton , ne sont retenus que par des clous à tête ronde, ils devraient l'être avec de fortes vis à écrous.
Il manque un marche-pied à la bascule, les brides sont placées trop bas, ne sont pas assez solides et sont trop ouvertes.
Il faudrait avoir en réserve au moins deux moutons garnis de leur couteau , pour remplacer à l'instant celui auquel il pourrait arriver quelque accident.
En un mot , si l'on payait à l'auteur une somme de 500 livres par machine, pour faire tous ces changemens et les fournitures désirées, on ne doit pas douter qu'il s'en chargeât.
Dans cette estimation, nous n'avons pas compris les faux frais qui ont pu être occasionés pour les diverses épreuves qui ont été faites à Bicêtre , n'ayant aucun ordre ni renseignement à cet égard.
N.B. Une personne , dont l'architecte soussigné répond, s'offre de faire cette machine corrigée, moyennant 500 livres.
Giraud."
Documents administratifs relatifs à l'adoption de la guillotine comme instrument de supplice, Revue rétrospective, seconde série, tome I, Paris, 1835, pp.22-23.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire