Toujours à propos de cordes…. on découvre qu'au moyen âge le bourreau d'Arras (1) avait pris l'habitude d'aller se servir à son gré chez les marchands cordiers de la ville. Sans doute considérait-il que, s'agissant de mettre à exécution les décisions de justice, cette pratique n'avait rien d'illicite. Ce qui, du point de vue desdits marchands, restait une spoliation intolérable. Ceux-ci protestèrent auprès du sergent de l'échevinage qui se fit l'écho de leurs plaintes auprès des édiles municipaux. Tant et si bien que, le 3 avril 1488, il fut délibéré que dorénavant le maître des hautes œuvres devrait s'adresser directement au lieutenant du Magistrat ou aux officiers du Roi pour la fourniture des cordes nécessaires aux exécutions.
« A Maistre Estienne, sergent de Messieurs Mayeur et Eschevins.
« Supplient humblement voz bourgeois et soub-manans du mestier et stille de cordier. Comme il soit ainsy que de tout temps le maistre de la haulte œuvre nommé Bourel ailt et puist prendre aux dits supplians ou l'un d'eulx les cordes qui lui convient quand aucun malfaiteur est pugny par votre ordonnance, sans ce qu'il en soit tenu païer aucune chose, mais à recouvrer par les dits supplians à vous. Et que en ce faisant iceluy Bourel n'est tenu prendre de cordes fors ce qu'il lui en convient sans entrer ne entreprenre, ne faire aucune viollence aux dis supplians ne à leurs gens et famille. Néantmoins depuis certaine espace de temps ceulx du dit office, de leur auctorité journellement quand ilz entendent faire aucune office tant pour le prévôt des maréchaulx comme aultres seigneurs, soit de ceste ville, cité Bappames et à l'environ, se boutent et entrent ès maisons des dis supplians et prendent tout ce que bon leur semble sans en faire ne volloir faire aucun payement, en tenant ausdis supplians grans termes et injuriant leurs gens et familles qu'il leur est chose bien estrange et rude et mesmes que de ce qu'ilz prendent leurs en convient paier maltote. Pour quoy il vous plaise ad ce avoir regard et tenir iceulx supplians en leur franche liberté sans souffrir par telz gens plus estre ainsy travilliez en ordonnant qu'ils ne prendent aucune chose sur eulx que ce ne soit le fait de la ville ou autrement qu'ilz le payent et les contente ou aultrement ce que leur soit déduit et rabattre sur le droit de la maltote qu'ilz poevent devoir. En ce faisant, ferez bien et aumosne et les dis supplians prieront Dieu pour vous. »
En marge de cette requête était écrit pour expédition ce qui suit :
« Le Procureur communiquera aux gens du roy et fera rapport. Item, le rapport oy, Messieurs les eschevins en nombre ont, présent Jehan Gosson, lieutenant, ordonné que le bourreau, maistre de la haulte œuvre ne prendt plus cordes sur les suppliants, mais pour la justice de la ville, s'il a affaire de cordes il se retournera par devers le lieutenant pour soy faire paier les cordes, et se pour les officiers du roy il a affaire de cordes, il ne les prendera que en les faisant paier par les sergents du prévot des mareschaulx ou aultres qu'il appartiendra. Fait le IIIe jour d'apvril an mil IIIIc IIIIxx et huit avant Pasques. Ainsy signé : Eloi Muette. » (2)
(1) A cette époque, le bourreau d'Arras était Guilbert Palmier. Il exerça cet office entre 1477 et 1492.
(2) Adolphe de Cardevacque, Le Bourreau à Arras, Mémoires de l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras, 1893, 2e série, tome 24, p. 173-174.
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