11 juillet 2009

Le supplice de la roue


« Tous les arrêts qui condamnent les criminels à être rompus, disent toujours qu'ils seront rompus vifs : mais le plus souvent les juges mettent un retentum au bas, qui dit, ou qu'ils endureront un ou deux coups vifs, ou qu'ils feront étranglés au bout de plus ou moins d'heures. Quand on lit l'arrêt aux criminels, on ne leur lit jamais le retentum : il n'y a que le bourreau qui en ait eu communication. On dresse un échafaud, comme le précédent, sur le milieu duquel est attaché à plat une croix de S[aint] André, faite avec deux solives en croix oblique, assemblées au milieu, ou elles se croisent : on a espacé dans chacune des quatre branches, deux entailles ou hoches à environ un pied l’une de l’autre. Le criminel déshabillé & nu en chemise, est étendu sur cette croix, le visage tourné vers le ciel; on lui releve sa chemise aux bras et aux cuisses, & on l'attache à la croix avec des cordes à toutes les jointures, c'est-à-dire, aux épaules, aux coudes, aux poignets, au haut des cuisses, aux genoux & aux coudepieds; on lui met la tête sur une pierre. En cet état le bourreau armé d'une barre de fer quarrée, large d'un pouce & demi, & arrondie, avec un bouton à la poignée, en donne un coup violent entre chaque ligature, vis-à-vis de chaque hoche; & comme les os dans ces endroits portent à faux, ils sont indubitablement cassés : quand il a fait d'un côté, il saute pardessus le patient pour l'autre côté, & finit par deux ou trois coups sur l'estomach.
Quand le patient ne doit pas être rompu vif, on a précédemment construit sous l’échafaud, à l'endroit ou il aura sa tête, un moulinet composé de deux montans, arrêtés en haut sous l'échafaud & en bas dans la terre : deux traverses les assemblent; & au milieu est le moulinet rond percé de trous, comme on en voit derriere les charrettes & les chariots; une corde passée en cravate sur le col du criminel, va rendre à ce moulinet, & se roulant autour par le moyen de leviers que deux hommes abaissent l'un après l'autre, elle serre vigoureusement le col, & étrangle sur le champ.
A un coin de l'échafaud est placée horizontalement sur un pivot, une petite roue de carosse dont on a scié le moyeu de dehors. Aussitôt que l'expédition est faite, on détache le supplicié; on lui plie les cuisses en dessous, de façon que ses talons touchent au derriere de sa tête; on le met dans cette situation sur la petite roue; on le lie de toutes parts aux jantes, & on le laisse ainsi exposé au public plus ou moins de temps; quelquefois on l'expose sur un grand chemin, où on le laisse, sans y plus songer. »


Garsaut, Faits des causes célèbres et intéressantes augmentés de quelques causes, Amsterdam, Chastelain 1757, pp.lxi-liv.

1 commentaire:

  1. Bonjour

    Ce supplice allemand introduit en France en 1534 par François 1er devant la recrudescence des brigands de grands chemins (donc en dehors des villes )a beaucoup évolué depuis son invention jusqu'à sa disparition...

    Bravo pour votre travail de recherhes historiques même si votre site web semble à l'arrêt désormais...

    A bientôt

    RB

    RépondreSupprimer